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Where do you come from ?

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Ça semble assez logique: on a tous une ville d’origine, un village, un champ, une maison-sortie-de-nul-part, un lieu.
Mon lieu de départ, là où tout a commencé (enfin, là où j’ai commencé), c’est Paris.
Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point j’étais parisienne jusqu’à que je quitte Paris – c’est assez bête, vous me direz.
Auparavant, la seule chose qui me renvoyait à ma ville de l’extérieur étaient les yeux des américains s’écarquillant lentement quand je leur disais d’où je venais: « Oh, Paris ? Really ? The city of Love ! » The city of Love. En faisant abstraction des petty streets, des serveurs mal aimables, et des odeurs de transpiration dans le métro – peut-être. Voilà ce que je me disais, moi qui ne rêvait (et rêve toujours) que de les rejoindre outre-Atlantique.
Et puis un jour, j’ai déménagé de Paris. Choc s’il en est pour quelqu’un habitué à vivre dans cette ville – et qui n’a jamais rien connu d’autre. Qui ne dit pas Paris dit donc… province. Point de mépris ici de ma part, mais seulement quelques petites appréhensions – fort compréhensibles pour la  très jeune femme que j’étais. (et que je suis, just to make things clear) S’ouvrait à moi un futur plein de champagne, et de Champagne. Et de cathédrale. Et de tramway. On a connu plus excitant comme premier déménagement.
Il m’a fallu ce choc, ce déménagement, pour comprendre que j’étais vraiment amoureuse de Paris. Et que tous les gens que je rencontrais dans ce nouveau lieu -si étrange, si morne- l’étaient également de leur « lieu d’origine ». Je me suis sentie un peu bébête. C’est à 20 ans que j’ai appris qu’effectivement, c’est quand quelque chose n’est plus là qu’on se rend compte qu’il nous manque.
D’un seul coup, tout me revenait à la figure: le brouahah du Marché d’Aligre, les terrasses de Bastille, l’odeur de mon appartement, la rumeur de la ville, douce berceuse, le métro aérien (que j’ai toujours trouvé sublime), la beauté de Notre-Dame, les quais, la Seine, les dédales de rue, la vue depuis Beaubourg, pouvoir marcher sans croiser personne de connu, les mouettes de l’Arsenal, les brunchs au B.I.A, les bars entre amis à Saint-Michel, les longues balades à pieds pour « évacuer » en sortant de cours en prépa… Tout. Je me trouvais bien désemparée devant les magasins fermés le midi, tôt le soir, et les rues désertes le week-end ou tard le soir(j’insiste sur le « désertes »). Il manque donc quelque chose… De la vie.
Et ça m’a fait du bien, finalement. Car il est, je pense, toujours bon de se confronter à autre chose, de sortir de chez soi, et d’arrêter de sans cesse comparer « chez moi » à « là où je suis maintenant » (même si cette étape s’avère nettement plus difficile que prévu)
Il m’arrive parfois, dans mes périodes de long exil, d’être émue en voyant apparaître la petite tête verte de ma chère Bastille on a TV screen, et de songer que pour moi, c’est avant tout un lieu de rendez-vous qu’une image sans âme retransmise à travers la France… Et puis je prends le train, et ça va mieux.

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